dimanche 28 septembre 2008

Pas de métropoles compétitives sans stratégies portuaires et logistiques

Les villes-ports sont aux avant-postes de la globalisation. En 2005, Marseille et Le Havre sont classés respectivement aux 24e et 39e rangs des ports mondiaux en termes de volume du trafic. Un bon indicateur pour la croissance française si l'on dresse des comparaisons avec les ports belges, hollandais et allemands... Les enjeux sont énormes: le transport des marchandises par voie maritime explose, notamment en Méditerranée, où transite près de 30% du volume mondial de marchandises et près du quart du trafic pétrolier.

Réorganisations logistiques, raccordements ferroviaires des zones portuaires, développement des autoroutes de la mer, notamment dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée (UPM), les ports méditerranéens affutent leur stratégie. Tanger, Valence, Barcelone ou Gênes investissent massivement sur le développement portuaire. Marseille aussi, bien entendu, qui aimerait redorer son blason... Mais la concurrence sera rude : depuis la mise en service partielle, en juillet 2007, d'un terminal dédié à l'activité d'import-export de conteneurs, le port de Tanger a déjà enregistré un trafic de transbordement de près de 200.000 conteneurs EVP (Equivalent Vingt Pieds), selon les chiffres des responsables de l'Agence Spéciale Tanger Méditerranée (TMSA). Le démarrage de l’activité import-export de conteneurs sur le "Tanger-Med" contribuera à améliorer la compétitivité du tissu industriel de la région du détroit de Gibraltar et permettra aux opérateurs marocains de bénéficier du nouveau profil de connectivité avec le monde offert par cette plate-forme portuaire, située sur l’une des plus importantes routes maritimes au niveau international.

zone portuaire de Tanger en développement

Plus que jamais, la France doit définir de nouvelles stratégies portuaires et logistiques pour s'adapter à ce nouvel univers hyper-concurrentiel. Le discours de Roissy du 26 juin 2007 du Président de la République, tout juste élu, avait donné le ton. Un discours sans doute inspiré par Jacques Attali, mandaté par la suite par Nicolas Sarkozy pour montrer le chemin de "la libération de la croissance". D'ailleurs, parmi les 316 propositions de la commission Attali, figurent la relance du développement des infrastructures portuaires et la réforme des ports autonomes (Décision fondamentale 6). Le rapport Attali notait à cet égard : "Le port de Marseille affiche une croissance de 2 % alors qu’elle atteint 49 % pour l’ensemble des ports de l’Europe du Sud depuis le début des années 1990. Il a perdu plus du tiers de sa part de marché entre 1990 et 2005. Le coût de la manutention à Marseille, supérieur d’un tiers à celui des deux ports méditerranéens de Gênes et Valence, et son poids dans le coût global (61 %) expliquent la totalité de la charge supplémentaire pesant sur l’armateur par rapport aux escales dans les ports concurrents." (Décision 106 : se doter de trois ports de taille européenne : Le Havre, Marseille et Nantes).

Vue sur le port de Marseille

Ces orientations ne sont pas superflues, car chez Jacques Attali la question portuaire est décisive, comme en atteste sa rétrospective de la mondialisation dans son essai
Une brève histoire de l’avenir (Fayard, 2006) mais aussi l'intervention qu'il avait donnée aux Journées Mondiales de l’Urbanisme de 2006.

lundi 22 septembre 2008

Bref échange avec Jean Nouvel, sur le quai de la Gare de Nîmes, au lendemain de la Feria des vendanges


Jean Nouvel, architecte de renommée internationale, est également un aficionado. Celui qui est parvenu au sommet en 2008 en recevant le
prix Pritzker, récompense que l'on peut apparenter au prix Nobel d'architecture, a signé une affiche dédiée à l'une des deux corridas événement de cette Feria des Vendanges, à Nîmes. Il s'agit de la corrida de samedi dernier au cours de laquelle le torero français Sébastien Castella a affronté, seul, 6 toros ("corrida réplique" de la veille où El Juli, avec un autre style et une maîtrise implacable, a triomphé pour mon plus grand plaisir). Ce samedi 20 septembre, les aficionados avaient pu apercevoir Jean Nouvel dans les tribunes des arènes au moment où Sébastien Castella lui a "brindé" un de ses taureaux, en lui confiant sa montera.


Nîmes, lundi 22 septembre, 9h45. Je suis sur le point d'embarquer à bord d'un TGV à destination de Paris.
L'été est révolu.

Alors que je suis en train de repérer ma voiture sur le quai, j'aperçois une silhouette familière, celle de Jean Nouvel, tout de noir vêtu, jusqu'au couvre-chef. Il a visiblement ramené un souvenir de la cité d'Auguste (probablement un tableau). Je l'aborde tranquillement, me présente: "Olivier Crépin, urbaniste de profession". Son regard s'anime. J'en arrive rapidement au Grand Paris, sujet que je connais bien, question épineuse sur laquelle le Président de la République l'a missionné aux côtés de 9 autres équipes d'architectes et d'urbanistes. Il m'avoue
qu'aujourd'hui, à l'heure de la complexité urbaine (et métropolitaine), il est "devenu impossible de dessiner une ville". Bel aveu pour un architecte qui passe la majeure partie de son temps à la conception architecturale et urbaine. Moins surprenant, car confirmant ce que je savais déjà, il déclare qu'à ses yeux la "gouvernance" n'est pas une priorité.

Je lui ai aussi confié que j'étais d'accord avec ses récentes prises de
position sur la densité urbaine à Paris intra muros : oui, il est possible de densifier sur le territoire de la commune de Paris, non seulement aux portes des arrondissements périphériques (comme Anne Hidalgo et Bertrand Delanoë l'entendent), mais aussi au dessus des infrastructures ferroviaires (dans le périmètre des gares de l'Est et du Nord, et en couvrant les faisceaux ferrés prolongeant ces deux hubs internationaux). Ce parti pris d'aménagement va manifestement à l'encontre des premières intentions formulées par d'autres équipes dans le cadre de la consultation élyséenne, le renforcement du polycentrisme étant devenu l'alpha et l'oméga de la justice territoriale en Île-de-France. Ce n'est pourtant pas raisonnable et pertinent lorsqu'on sait que Paris a perdu 300 000 emplois en 15 ans, et que dans l'immédiat, sans métro en rocade, la structure radiale des réseaux de transports collectifs ne peut répondre de manière efficace à cet étalement des emplois. Pourtant, malthusianisme économico-urbanistique et museïfication architecturalo-culturelle sont des alliés efficaces contre la vitalité du cœur de la métropole... et l'efficacité économique globale de la France (cf. Laurent Davezies, La République et ses territoires).


Puis, le TGV est arrivé en gare, a freiné dans un crissement massif, rendant la suite inaudible. Ce grand fracas nous invitait à rejoindre nos places respectives. Voilà donc comment cette journée a commencé : par une discussion sur le Grand Paris avec Jean Nouvel sur le quai de la gare de Nîmes, au retour de Feria.

jeudi 18 septembre 2008

Cargar la suerte


Lieu de réflexion sur la tauromachie, espace de confrontation indispensable, berceau de l'aficion locale, le Cercle Taurin Nîmois (CTN), fondé en 1947, reprend du service. Une réception avait lieu ce 17 septembre boulevard des arènes. Elle a rassemblé une centaine d'aficionados en présence de l'adjoint au Maire de Nîmes à la culture, Daniel-Jean Valade. Le président d'honneur du cercle, Jean Gaillard, et Frédéric Lauret, fils de Jean Lauret, académicien nîmois ayant œuvré auprès des autres membres actifs du CTN à la fondation de la Feria de Nîmes en 1952, ont salué l'initiative des nouveaux responsables du CTN. Si l'hommage aux anciens semblait incontournable, l'ambition était résolument tournée vers l'avenir : défendre plus que jamais la tradition taurine, la faire respecter, la faire connaître. Par leur présence massive, les aficionados ont démontré que l'aficion nîmoise était pleinement mobilisée. Face au politiquement correct et contre le régime de l'aceptisation, il s'agit de "mettre la jambe", comme on dit : "charger la suerte".




De gauche à droite : Christian Thome, nouveau Président du CTN, Frédéric Lauret, Jean Gaillard, Président d'honneur du CTN, Daniel-Jean Valade, Adjoint au Maire de Nîmes chargé de la Culture