Dans le prolongement des débats sur le tracé de la LGV PACA, je signale cette Interview de Dominique Musslin, Vice-président de la Société Française des Urbanistes, extraite d'un dossier de Midi Libre paru ce samedi 28 novembre sur le sujet du contournement à grande vitesse de Nîmes et de Montpellier.
On aurait pu penser que le choix judicieux du tracé des métropoles allait faire jurisprudence de l'autre côté du Rhône, en Languedoc. Il n'en est rien : il faudra encore et toujours argumenter et convaincre en faveur de vrais gares (urbaines) et batailler contre ces nouveaux "aéroports-SNCF", contre ces immenses parkings dont la localisation périphérique (Manduel est située à la 10km de Nîmes) génère des impacts environnementaux extrêmement néfastes (artificialisation des sols et consommation des terres agricoles, génération de déplacements automobiles) et ne prédétermine aucune logique de développement économique local. Notre propos d'urbaniste, qui n'engage que nous, je tiens à le préciser, n'est pas de dire qu'il faut interdire à jamais la construction de nouvelles gares mais davantage réfléchir à leur localisation : Euralille a été construite à 400 m de Lille Flandre et le site de la future gare TGV de Montpellier Odysseum, déjà desservi par le tramway, devrait être un vrai quartier de vie lorsque la grande vitesse atteindra les bords du Lez.
Si la collectivité publique ne souhaite pas s'engager dans ce type de dépenses d'infrastructures et d'équipements (on parle de plus de 90 millions d'euros pour la gare de Manduel et combien encore de millions d'euros d'investissements et de charges d'exploitation pour la desservir convenablement en transports collectifs?), elle peut toujours faire le choix d'agrandir les anciennes gares dans une logique de redynamisation urbaine et d'émergence de nouvelles fonctionnalités multi/intermodales, comme à Lyon Perrache, par exemple (une gare qui a pleinement retrouvé sa fonction de pôle de centralité à l'échelle d'un quartier en devenir : "la confluence"). Ce n'est pourtant pas le foncier qui manquait derrière la gare historique de Nîmes...
On aurait pu penser que le choix judicieux du tracé des métropoles allait faire jurisprudence de l'autre côté du Rhône, en Languedoc. Il n'en est rien : il faudra encore et toujours argumenter et convaincre en faveur de vrais gares (urbaines) et batailler contre ces nouveaux "aéroports-SNCF", contre ces immenses parkings dont la localisation périphérique (Manduel est située à la 10km de Nîmes) génère des impacts environnementaux extrêmement néfastes (artificialisation des sols et consommation des terres agricoles, génération de déplacements automobiles) et ne prédétermine aucune logique de développement économique local. Notre propos d'urbaniste, qui n'engage que nous, je tiens à le préciser, n'est pas de dire qu'il faut interdire à jamais la construction de nouvelles gares mais davantage réfléchir à leur localisation : Euralille a été construite à 400 m de Lille Flandre et le site de la future gare TGV de Montpellier Odysseum, déjà desservi par le tramway, devrait être un vrai quartier de vie lorsque la grande vitesse atteindra les bords du Lez.
Si la collectivité publique ne souhaite pas s'engager dans ce type de dépenses d'infrastructures et d'équipements (on parle de plus de 90 millions d'euros pour la gare de Manduel et combien encore de millions d'euros d'investissements et de charges d'exploitation pour la desservir convenablement en transports collectifs?), elle peut toujours faire le choix d'agrandir les anciennes gares dans une logique de redynamisation urbaine et d'émergence de nouvelles fonctionnalités multi/intermodales, comme à Lyon Perrache, par exemple (une gare qui a pleinement retrouvé sa fonction de pôle de centralité à l'échelle d'un quartier en devenir : "la confluence"). Ce n'est pourtant pas le foncier qui manquait derrière la gare historique de Nîmes...
Midi Libre : Les gares nouvelles en site propre ont-elles toujours le vent en poupe ?
Dominique Musslin : Quand le pouvoir politique local est fort, les gares restent au centre-ville. Dès qu'il est faible, il y a des gares nouvelles. Les élus se battant pour le rayonnement de leur ville imposent à la SNCF, comme aujourd'hui à Rouen, de faire passer le TGV en ville. A Bordeaux, la gare historique va booster la cité. Il y a de plus en plus d'exemples très réussis qui le montrent : Lille, Marseille Saint-Charles, Lyon Pardieu... En revanche, il n'y a aucun exemple de gare nouvelle qui soit une réussite. Car à quoi sert de faire rouler des trains à 300 km/h pour les faire arrêter nulle part ?
Mais la gare TGV d'Avignon fait pourtant le plein !
Peut-être mais le ratage est total, c'est un parking gigantesque. Dans une gare traditionnelle TGV-TER, un tiers des passagers montant dans le TGV arrive en TER. Aujourd'hui, dans l'étude d'impact de la ligne nouvelle en Languedoc-Roussillon, on parle d'un sur dix, et on considère que ce serait déjà une réussite ! C'est à l'opposé du développement durable et du maillage du territoire. On a privilégié le geste architectural, l'étalement urbain et le plaisir d'inaugurer au détriment du fonctionnel. Une étude de la chambre régionale de commerce Paca montre que 8 TGV sur 10 continueraient à passer en ville. Pourquoi ? Parce que les vaches ne prennent pas les trains, et qu'il faut les remplir. La France est le seul pays européen à créer des gares en périphérie.
Le projet de gare à Manduel vous semble donc être un mauvais projet ?
Les élus se sont fait balader. La SNCF leur ment quand elle prétend qu'un TGV va trop vite pour s'arrêter en ville. C'est faux car il y a un temps incompressible de ralentissement et d'accélération pour un TGV lancé à pleine vitesse. Il est le même, que le TGV s'arrête à Nîmes ou à Manduel. Pour ce qui est de créer du développement économique, le leurre est total. Une gare TGV n'est pas un aéroport et il n'y en a pas une seule qui ait généré un pôle d'activités. Même pas à Avignon, alors qu'elle est plutôt en ville. A Manduel, ça ne va leur rapporter que des ennuis et plein de voitures en plus. Et quand tous les TGV empruntent les voies périphériques, ça fait inévitablement revenir les trains de marchandise en ville !
Dominique Musslin : Quand le pouvoir politique local est fort, les gares restent au centre-ville. Dès qu'il est faible, il y a des gares nouvelles. Les élus se battant pour le rayonnement de leur ville imposent à la SNCF, comme aujourd'hui à Rouen, de faire passer le TGV en ville. A Bordeaux, la gare historique va booster la cité. Il y a de plus en plus d'exemples très réussis qui le montrent : Lille, Marseille Saint-Charles, Lyon Pardieu... En revanche, il n'y a aucun exemple de gare nouvelle qui soit une réussite. Car à quoi sert de faire rouler des trains à 300 km/h pour les faire arrêter nulle part ?
Mais la gare TGV d'Avignon fait pourtant le plein !
Peut-être mais le ratage est total, c'est un parking gigantesque. Dans une gare traditionnelle TGV-TER, un tiers des passagers montant dans le TGV arrive en TER. Aujourd'hui, dans l'étude d'impact de la ligne nouvelle en Languedoc-Roussillon, on parle d'un sur dix, et on considère que ce serait déjà une réussite ! C'est à l'opposé du développement durable et du maillage du territoire. On a privilégié le geste architectural, l'étalement urbain et le plaisir d'inaugurer au détriment du fonctionnel. Une étude de la chambre régionale de commerce Paca montre que 8 TGV sur 10 continueraient à passer en ville. Pourquoi ? Parce que les vaches ne prennent pas les trains, et qu'il faut les remplir. La France est le seul pays européen à créer des gares en périphérie.
Le projet de gare à Manduel vous semble donc être un mauvais projet ?
Les élus se sont fait balader. La SNCF leur ment quand elle prétend qu'un TGV va trop vite pour s'arrêter en ville. C'est faux car il y a un temps incompressible de ralentissement et d'accélération pour un TGV lancé à pleine vitesse. Il est le même, que le TGV s'arrête à Nîmes ou à Manduel. Pour ce qui est de créer du développement économique, le leurre est total. Une gare TGV n'est pas un aéroport et il n'y en a pas une seule qui ait généré un pôle d'activités. Même pas à Avignon, alors qu'elle est plutôt en ville. A Manduel, ça ne va leur rapporter que des ennuis et plein de voitures en plus. Et quand tous les TGV empruntent les voies périphériques, ça fait inévitablement revenir les trains de marchandise en ville !