lundi 14 juillet 2008

Vivre sans l'État aménageur


Le grand "big-bang" de l'État territorial annoncé par le Gouvernement suscite de vives inquiétudes dans le monde des collectivités territoriales et des élus locaux, dont certains ont défilé ce 14 juillet pour le maintien des casernes... Le débat a été posé par le Président de la République en ces termes : la Défense nationale doit-elle remplir des missions d'aménagement du territoire? Dans certaines agglomérations, les emprises de l'armée sont considérables, tant sur le plan spatial que sur le plan socioéconomique : la reconversion des friches militaires est à ce titre une problématique majeure de développement territorial et d'urbanisme. Quand l’État déménage : comment faire face aux recompositions des services publics ? Très exposés à ces mutations, les bassins de vie ruraux comme ceux des petites villes ou villes moyennes s’inquiètent et font aujourd’hui leurs comptes. Les élus de l'intercommunalité, fédérés au sein de l'Assemblée des Communautés de France (AdCF), s'interrogent ainsi : "Le levier de l’économie « résidentielle », dont de nombreux territoires se sont saisis pour pallier l’érosion de leur tissu productif, résistera-t-il au ressac de la présence publique?" Si l'on a bien lu le "best-seller" de Laurent Davezies, La République et ses territoires, alors retournons la question dans l'autre sens : les territoires doivent-ils compter exclusivement sur la présence de l'État pour assurer leur développement? Est-ce là leur seule stratégie de développement local?
Au delà de ces considérations, il convient de reposer le problème en des termes plus politiques, celui des relations institutionnelles entre l'État et les collectivités territoriales, un problème qui se pose avec une acuité toute particulière dans notre France jacobine. C'est précisément ce qu'exprime cet éditorial de Marc Censi, président de l'AdCF, paru dans le mensuel Intercommunalités (N°124, juin 2008) :