Combien de personnes exercent aujourd'hui la profession d'urbaniste en France? 4000? 8000? 12 000? Sans doute beaucoup plus. 20 000, n'hésite pas à avancer, très tranquillement, le Collectif National des Jeunes Urbanistes (CNJU), au détour de sa carte de voeux pour 2011. 2011, c'est l'année où la vénérable Société Française des Urbanistes (SFU) va "célébrer" son centenaire. Faute de fédération professionnelle unitaire, les urbanistes constituent donc une "armée silencieuse", une communauté professionnelle dont l'apport est certes essentiel à la définition des politiques publiques et des stratégies territoriales, mais qui souffre à la fois d'un déficit de représentation et d'un déficit de notoriété dans le grand public.
Pour l'heure, nous avons donc davantage à faire à des "divisions" claniques (celles qui s'expriment au sein du CFDU) qu'à des divisions armées en ordre de marche... Mais le CNJU montre la voie, par delà les querelles internes et les vendettas d'un autre âge (qui ne font que miner nos capacités de mobilisation collective). Sa stratégie est la bonne car elle s'inscrit dans une logique fédérative et pragmatique : il faut s'appuyer sur le pilier de la formation, car la formation est le premier maillon (et le plus robuste) de la chaîne de l'insertion professionnelle.
Si nous portons l'ambition d'organiser la profession d'urbaniste en France, alors nous devons, à l'instar d'autres professions (médecin, avocat, architecte, ingénieur), nous appuyer sur nos organes de formation. La France a la chance et la particularité de disposer d'Instituts d'Urbanisme rattachés au système universitaire d'où sortent chaque année 500 diplômés (chiffre obtenu en additionnant les effectifs des promotions de Master et de Doctorat des Instituts d'Urbanisme de Paris, de Lille, de Lyon, de Grenoble, de Bordeaux, de Rennes, de Brest, de L'université Paris Sorbonne et de l'Université Marne La Vallée (dit "IFU").
Les diplômes de 3e cycle (DEA, DESS, Master en formation initiale et continue) et de Doctorat délivrés par ces Instituts constituent ainsi depuis une vingtaine d'années la meilleure qualification possible pour ceux qui souhaitent exercer la profession d'urbaniste. La récente enquête du CNJU sur l'insertion professionnelle des diplômés en urbanisme l’atteste en démontrant que ces Instituts d'Urbanisme enregistrent des taux d'emploi dans le secteur de l'urbanisme tout à fait significatifs, de l'ordre de 80% (j'aurai l'occasion d'y revenir très prochainement).
Il faut donc prendre très au sérieux le point de vue de cette carte de voeux!