mardi 30 août 2011

L’actualisation du découpage en unités urbaines confirme la poursuite de l’expansion urbaine.

Un zonage plus fidèle aux différentes formes de l’étalement urbain.



Une récente étude de l'INSEE révèle qu'en 10 ans, la superficie de l’espace urbain en métropole progresse de 19 %. Les villes occupent désormais 22 % du territoire et abritent 47,9 millions d’habitants, soit 77,5 % de la population. De nouvelles petites unités urbaines sont apparues, et le périmètre de certaines grandes unités urbaines s’est agrandi. 10,3 millions de personnes habitent dans l’agglomération parisienne et plus de 1,5 million dans celles de Marseille et de Lyon (celle de Marseille creusant légèrement l'écart avec celle de Lyon). "L’urbanisation progresse surtout le long des littoraux atlantique et méditerranéen, mais aussi dans les régions alpines. C’est à la campagne que la croissance démographique est la plus importante. Elle est aussi plus forte dans les petites unités urbaines que dans les grandes", observe l'INSEE.



Rappel : 2 conventions statistiques de base établies par l’INSEE servent à constituer le zonage en unité urbaine (à ne pas confondre avec le zonage en "Aires Urbaines", en cours de révision). Les territoires urbains et ruraux sont des ensembles de communes. La différence entre les deux repose sur un double critère : la continuité du bâti et le nombre d’habitants. Est considéré comme urbain (ou unité urbaine) un ensemble de communes sur lequel on trouve une zone de bâti continu, c’est-à-dire un espace au sein duquel il n’y a pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions et dans lequel résident au moins 2 000 habitants.

Si l’unité urbaine est composée d’une seule commune, elle est dénommée ville isolée.

Si l’unité urbaine s’étend sur plusieurs communes, et si chacune de ces communes concentre plus de la moitié de sa population dans la zone de bâti continu, elle est dénommée agglomération multicommunale.

"Entre 1999 et 2010, 1 368 communes sont passées de l’espace rural à l’espace urbain, le plus souvent par intégration à une agglomération. 1 137 communes sont ainsi devenues urbaines par intégration à une agglomération multicommunale. Des constructions nouvelles aux frontières de ces communes ont entraîné leur rattachement à une unité urbaine déjà existante ou la création d’une nouvelle entité urbaine. Dans les années 1990, ceci n’avait concerné que 520 communes.

Par ailleurs, 231 communes rurales en 1999 ont vu entre 1999 et 2007 leur population atteindre le seuil de 2 000 habitants agglomérés et sont donc devenues urbaines. Ne présentant pas une zone de bâti continu avec leurs voisines, ce sont des villes isolées. Entre 1990 et 1999, seules 150 communes avaient réalisé le même mouvement", précisent les démographes-statisticiens de l'INSEE.

Dès lors, pour interpréter ce mouvement d’expansion urbaine, il faut prendre en compte les effets de seuils et les effets de rattachement par comblement interstitiel entre la coupure du bâti de deux communes (règle des 200 m). D’autant que la révision du zonage en unité urbaine est désormais beaucoup plus fidèle aux dynamiques d’urbanisation. Ainsi, depuis le découpage de 2010, « certains espaces publics (cimetières, stades, aérodromes, parcs de stationnement...), terrains industriels ou commerciaux (usines, zones d’activités, centres commerciaux...) ont été traités comme des bâtis avec la règle des 200 mètres pour relier des zones de construction habitées. Et ce à la différence des découpages précédents où ces espaces étaient annulés dans le calcul des distances entre bâtis », précisent les auteurs de la note dans un encadré méthodologique. Les différentes formes que revêt le phénomène d’étalement urbain sont donc désormais prises en compte et expliquent la forte diminution de la densité des agglomérations.


Quelques enseignements :


La croissance du territoire urbain s’observe surtout dans la partie la moins dense de l’espace urbain, et plus particulièrement sous la forme d’unités urbaines multicommunales.


La superficie totale des très grandes agglomérations, de 200 000 à 2 millions d’habitants, s’est accrue de 30 % par l’absorption de plus de 200 communes (+ 3 800 km²).


De manière générale, l’étalement urbain entraîne une diminution de la densité des territoires urbains. On compte aujourd’hui 400 habitants au km² en moyenne dans l’espace urbain, contre 600 jusqu’en 1962.


Les villles-centres redeviennent attractives, les communes rurales ont un solde naturel positif (voir l'onglet "graphique complémentaire" ci-après lisible à partir des données complémentaires de l'étude, fichier Excel).



Les très grandes agglomérations croissent plus par extension de leur périmètre que par densification de leur population. On recommande vivement la consultation du fichier excel des données complémentaires et de l’onglet « tableau complémentaire » qui dresse la liste des 61 unités urbaines de plus de 100 000 habitants en distinguant les 2 phénomènes contributifs à leur expansion urbaine : "l’effet extension" et "l’effet densification".

L’espace rural et les petites unités urbaines gagnent plus d’habitants, ces dernières étant les plus dynamiques :
"Entre 1999 et 2007, la population urbaine (dans la géographie de 2010) augmente de 4,6 %, la population rurale de 9,0 % (5,6 % en moyenne sur la métropole). L’espace rural conserve son dynamisme observé déjà depuis la fin des années 1970 : il y a plus d’arrivées que de départs (solde migratoire) et désormais plus de naissances que de décès (solde naturel), ce qui n’était pas le cas durant la décennie précédente. Le dynamisme démographique est également particulièrement fort dans les petites unités urbaines (moins de 10 000 habitants) et dans l’agglomération parisienne (voir graphique ci-après). Ceci contraste avec les années 1990 où les très grandes unités urbaines avaient un dynamisme comparable aux petites et supérieur à l’agglomération parisienne", notent les auteurs de l'étude.