L’urbanisme est à la fois un champ disciplinaire et un champ professionnel recouvrant l'étude du phénomène urbain, l'action d'urbanisation et l'organisation de la ville et de ses territoires. Les personnes qui exercent ce métier sont des urbanistes.
La profession d’urbaniste est d’institution récente, puisqu’elle est née et s’est développée au cours du XXème siècle. C’est une profession moderne, ouverte sur son temps et les autres milieux professionnels. En France, il est possible de l’exercer en ayant suivi des cursus différents. Elle ne s’est pas, contrairement à d’autres, protégée par un dispositif corporatiste, la limitant par la création d’un ordre professionnel ou un numerus clausus. Le revers de cette ouverture a été, pendant de longues années, un certain manque de lisibilité. La constitution de l’Office Professionnel de Qualification des Urbanistes, (en gestation depuis les années 70 et enfin crée au cours des années 90), a permis de promouvoir la profession de façon positive, tout en lui conservant ses qualités originelles.
Pourtant, force est de constater que le métier reste largement peu reconnu par le grand public et, plus regrettable, par le service public de l'emploi (ANPE en tête!). L'État a certes créé un "Grand Prix de l'urbanisme", mais cette récompense (décernée chaque année) fait la part belle aux "architectes-urbanistes" ou "urban designers", comme disent les anglo-saxons. Les "urban planners" sont de fait peu mis sur le devant de la scène. Autrement dit, les paillètes et la "starisation" de quelques grands noms occultent les vrais enjeux socio-corporatifs. Certains grands corps (omnipotents au sein du grand ministère du développement durable en charge de l'urbanisme) n'y sont pas étrangers. Si presque tout le monde s'accorde donc à dire que les urbanistes constituent bien une communauté professionnelle (qui reste à rassembler!), les accords de branche professionnelle et les conventions collectives restent cependant introuvables. Sur le marché de l'emploi, il en résulte des disparités criantes en terme de rémunération entre urbanistes de même niveau de formation.
C'est tout l'enjeu de la première enquête nationale sur l'insertion professionnelle des jeunes urbanistes conduite par la Société Française des Urbanistes. Ces "états généraux" ont pour objectif d'établir une veille stratégique sur les débouchés professionnels et sur la dynamique de l'emploi dans le champ de l'urbanisme, de l'aménagement et du développement territorial ; de mettre en évidence l'évolution du métier et des compétences ; et de promouvoir la qualification OPQU à destination des jeunes urbanistes. Au delà de ces questions de préoccupation, faut-il instituer des conventions collectives ou des accords de branche professionnelle pour les urbanistes français? Il est urgent d'ouvrir ce débat.
A lire : "Le métier d'urbaniste. Domaines d'activités, fonctions et compétences", paru dans Le Moniteur, 29 décembre 2006