samedi 31 octobre 2009

Qui gouverne Roissy?


Dans le prolongement de la réflexion lancée par un collègue urbaniste, je recommande la lecture de l'article de Marc Endeweld, "Dans les rouages d'un grand aéroport", paru dans l'édition du mois de novembre du Monde Diplomatique. Un dossier complémentaire disponible sur le site Internet du mensuel est particulièrement éclairant sur le décalage immense entre les ambitions mondiales et démesurées portées actuellement par quelques grands lobbies de la technostructure étatique pour la plate-forme aéroportuaire de Roissy-Charles De Gaulle et le déficit institutionnel dans le domaine de l'organisation politique de ce bassin d'emploi majeur pour la métropole parisienne. Comme le dit Paul Virilio dans son livre "Ville panique", nous sommes décidément rentrés dans l'ère du "terrorisme métropolitique où la perte d'importance de l'étendue territoriale des nations se trouve compensée par la masse critique de ces concentrations mégapolitaines que nul ne gouverne vraiment".



Résumé de l'article :


"Dans la course à la mobilité des passagers et des marchandises, les aéroports occupent une place centrale. Comme les ports maritimes, les nœuds ferroviaires et les complexes autoroutiers, ils participent de la mécanique de la mondialisation. Mais, derrière les façades rutilantes et les architectures de pointe, des rouages souterrains actionnés par des milliers d’employés tournent pour assurer la continuité du flux. Comme à Roissy - Charles-de-Gaulle, en France, où intervention des pouvoirs publics et intérêts des compagnies aériennes privées ont poussé au gigantisme des installations. Là s’entrecroisent en effet appétits économiques, enjeux stratégiques (le contrôle des frontières, la sécurité, l’environnement) et... prestige des Etats. Le trafic des passagers connaissait une progression régulière, mais la crise a rattrapé ce secteur. L’Association des compagnies aériennes européennes (AEA) estime que, à la fin 2009, ses membres auront supprimé cent mille emplois directs et indirects en douze mois. Comment concilier travail, qualité de vie des riverains et développement territorial sans remettre en cause l’extension démesurée des aéroports internationaux ?"

Par Marc Endeweld

mercredi 28 octobre 2009

Projet de loi de réforme des collectivités territoriales : analyse et réactions de l'AdCF

Loin des polémiques sur le conseiller territorial qui agitent actuellement la classe politique française, concentrons-nous sur l'essentiel de la réforme de nos institutions locales : l'intercommunalité.

Une note d'analyse et de réactions de l'AdCF passe en revue les dispositions du projet de loi sur ce volet. Il est possible de la télécharger ici.

dimanche 18 octobre 2009

A chacun son métier

Soyons clair : les urbanistes ne veulent pas se substituer aux professions dites "techniques" mais souhaitent pleinement assumer leur rôle de coordination et de mise en cohérence des politiques sectorielles des collectivités locales (habitat/logement, transports/mobilités, développement économique). Cette exigence est aujourd'hui confortée par la montée en puissance d'une intercommunalité généraliste et polyvalente mais aussi par la mise en oeuvre locale du Grenelle de l'Environnement. Cette nouvelle donne invite les acteurs publics locaux à repenser la transversalité des politiques publiques, notamment par la cohérence territoriale de l'urbanisme.
Pour répondre à ce défi, les urbanistes mobilisent des compétences de diagnostic, d'analyse urbaine et de prospective territoriale. En professionnels avisés et intègres, ils tiennent à ce que leurs actions et leurs missions soient l'expression et la traduction du projet politique des élus. Ce projet politique doit répondre avant toute chose aux attentes des citoyens de nos collectivités et des usagers de nos villes. Ils ont, à ce titre, un rôle d'aide à la décision politique. Cette fonction est fondamentale, l'urbanisme étant avant tout une politique publique. Les compétences des urbanistes dans le domaine de l'animation et de la conduite projets urbains et territoriaux dépassent donc la stricte application de normes techniques et juridiques qui n'ont jamais fait, à elles seules, des projets de qualité.

samedi 17 octobre 2009

L'aéroport, comment en faire autre chose qu'une infrastructure "hors-sol"? Un urbaniste pose le problème

















Depuis les années 1960, les infrastructures aéroportuaires exercent une emprise considérable et croissante sur les territoires. Pourtant, à l'instar des "gares TGV betteraves" de la SNCF et de RFF, ces équipements ne s'inscrivent que très peu dans le projet territorial des collectivités et des villes. Objet "a-territorial" par excellence, l'aéroport pourra t-il encore rester longtemps à la marge des réflexions sur la planification de l'urbanisme? Un urbaniste pose le problème.

lundi 12 octobre 2009

Empowerment - 2ème étape : le temps de la mobilisation








Le Collectif National des Jeunes Urbanistes (CNJU) est un regroupement indépendant de 11 associations d’étudiants et diplômés en urbanisme et aménagement du territoire. Il s’est constitué dans le but de mobiliser la communauté professionnelle de l’urbanisme en faveur de l’accès des diplômés en urbanisme au concours d’ingénieur territorial de la fonction publique. Urba+/réseau de l’Institut d’Urbanisme de Paris, qui en est un des membres fondateurs, appuie sans réserve les actions du CNJU.


En seulement 15 jours, la lettre ouverte adressée par le CNJU au Ministre de la Fonction publique et à la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, intitulée "N’évinçons pas les urbanistes de nos collectivités territoriales !", a été signée par plus de 2000 personnes.

Au delà des Instituts d’Urbanisme en France (Paris, Lille, Lyon, Aix, Bordeaux, Grenoble, Reims, Sorbonne, IFU, etc.) et des associations professionnelles (CFDU, SFU, UT), le CNJU enregistre d’ores et déjà le soutien d’élus locaux et de parlementaires issus de diverses sensibilités politiques. Les députés François Lamy, Yvan Lachaud et Jean-Pierre Grand ont ainsi adressé des courriers et questions écrites à l’attention du secrétaire d’Etat aux collectivités territoriales Alain Marleix et du Ministre chargé de la Fonction publique, Eric Woerth.

De son côté, l’association Urba+, représentée par son vice-président, François Favard, urbaniste au conseil général du Val de Marne (et ingénieur territorial titulaire), a participé au colloque national de l’ENACT organisé les 8 et 9 octobre derniers à Paris sur l’exercice des métiers de l’urbanisme au sein des collectivités locales.

A cette occasion, François Favard a présenté les résultats de l’enquête conduite par Urba+ cet été auprès des diplômés de l’Institut d’Urbanisme de Paris exerçant en collectivités locales. Urba+ a recueilli 65 réponses sur 130 personnes (inscrites dans annuaire de l’IUP) exerçant dans les collectivités locales (soit un taux de réponse de 50%). 87% d’entre eux déclarent exercer dans le domaine de l’urbanisme et plus de 90% exercent leur profession en étant titulaire du concours d’ingénieur territorial. Le sondage révèle aussi que les trois quarts des personnes de l’échantillon sont lauréates du concours depuis moins de 5 ans et ont réussi leur insertion dans les collectivités locales. Plus d’un tiers de ces personnes occupent des fonctions d’encadrement (chef de service, directeur, directeur général) et 20% pilotent des projets au sein des collectivités. Tirant les enseignements de cette enquête, François Favard a donc rappelé qu’en l’état actuel du régime statutaire de la fonction publique territoriale, le grade d’ingénieur territorial était le seul permettant d’exercer toute la palette de métiers de l’urbaniste au sein de nos collectivités locales. L’association Urba+ communiquera très prochainement les résultats détaillés de l’enquête.

De son côté, Francis Cuillier, président du Conseil français des urbanistes (CFDU) et soutien du collectif, a déclaré lors du colloque du CNFPT que :

- "un moratoire visant à restaurer dès 2010 les conditions d’accès au concours d’ingénieur territorial pour les diplômés en urbanisme s’imposait" ; car il n’était "pas admissible que les urbanistes formés à l’université ne puissent pas avoir accès aux postes d’encadrement de la la fonction publique". Et pour cause : la dernière enquête réalisée en 2009 par le pôle urbanisme de l’ENACT montre que ces fonctions et missions sont assurées dans plus de 50% des cas par des urbanistes issus de l’université.

- "une remise en perspective sur la profession d’urbaniste et de ses métiers devait être entreprise et finalisée dans les trois années à venir".

Représentant la Société Française des Urbanistes en tant que vice-président chargé de l’emploi et de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés, Dominique Musslin s’est félicité "du rôle fédérateur joué par les jeunes urbanistes du collectif et de l’appui qu’ils ont trouvé dans une profession jusqu’à lors très divisée". (voir son blog)

Pour en savoir plus :

http://www.acces-urbanistes-fpt.fr

samedi 10 octobre 2009

La République à deux vitesses


Alors que les diplômés en urbanisme de l'université se battent actuellement pour exercer leur métier dans nos collectivités locales (voir http://www.acces-urbanistes-fpt.fr/), on apprend que Jean Sarkozy, 23 ans et sans compétence particulière, est candidat à la présidence de l'Etablissement Public d'Aménagement de la Défense, 1er quartier d'affaires européen. Cette structure, pilotée par l'Etat et le Conseil général des Hauts-de-Seine, est sans aucun doute l'acteur de l'aménagement le plus puissant en Europe. Nous voilà revenu au temps des Borgia...





"Créé en 1958 pour une durée de trente ans puis prolongé dans ses fonctions à différentes reprises, l'EPAD (Etablissement pour l'Aménagement de la Région de la Défense) a pour vocation d'aménager pour le compte de l'Etat et des collectivités locales concernées le site de La Défense, un espace de 160 hectares à l'Ouest de la capitale destiné à accueillir l'actuel premier quartier d'affaires européen. Etablissement public à caractère industriel et commercial, l'EPAD doit effectuer les études préliminaires d'urbanisme, réaliser au fur et à mesure de l'évolution du site les travaux d'infrastructure indispensables, puis vendre aux investisseurs un droit de construire qui constitue sa seule ressource financière.


L'EPAD poursuit en sus de ces activités premières, une collaboration étroite avec les collectivités locales, essentiellement le Conseil Général des Hauts-de-Seine, les municipalités de Courbevoie et de Puteaux, afin de gérer au mieux les intérêts quotidiens des 150 000 personnes travaillant à La Défense et de ses 20 000 résidents.
L'EPAD est régi par un conseil d'administration paritaire puisqu'il est composé à la fois de représentants des ministères de tutelle et de représentants des collectivités locales.

Patrick Devedjian (était) Président du Conseil d'Administration de l'EPAD depuis septembre 2007." Source : EPAD / http://www.ladefense.fr/epad_etablissement.php

Ne parlons même pas du projet de loi sur le Grand Paris présenté cette semaine en conseil des ministres qui s'apparente à une brutale recentralisation.